Une soixantaine de participants ont assisté ce matin au trinquet Dongaitz à Urrugne à notre petit déjeuner débat animé par Jacques Artola sur le thème : « Quel avenir pour les chrétiens d’orient »
Jacques ARTOLA administrateur de l’association Saint Vincent plante le décor :
« Ces dernières années, nous avons vu avec effroi le désastre de la guerre menée par des fanatiques, nous rappelant les heures funestes vécues par les juifs sous le règne nazi. Oui, la volonté d’éradiquer les chrétiens est réelle. Et c’est ce qui s’est passé notamment en Irak, en Syrie, ces deux pays en proie à la guerre effrénée menée par des djihadistes…qui ont réussi à faire fuir de chez eux les chrétiens, notamment dans la plaine de Ninive, à Mossoul, à Karakoch et de partout en général dans ces deux pays.
Alors que fallait-il faire ? Rester les bras croisés ? Se lamenter devant le journal télévisé ? C’est ce que nous avons fait trop longtemps hélas… tellement ça nous semblait loin, ou totalement inaccessible… que faire ? »
Fort de nos convictions, nous avons fait le choix d’accueillir une famille Chrétienne, et de proposer de relever ce pari aux membres de notre relais paroissial, et au-delà. Alors comment tout cela a débuté ? »
C’est au cours du mois de Novembre 2015, que Jacques ARTOLA est allé rencontrer L’Abbé Peyo Noblia, curé d’Urrugne.
Fort de son soutien moral, et appui sans équivoque, rejoint quelques jours après, par notre ami Didier Picot, ils se sont attelés à la tâche. Devant le choix de plusieurs associations paroissiales pouvant servir de support juridique, ils ont choisi, sur préconisation de Peyo Noblia, l’association St Vincent d’Urrugne, que Jacques Artola préside déjà par ailleurs.
- Jacques Artola a demandé l’autorisation au CA de l’association St Vincent d’Urrugne de mener l’opération d’accueil sous son égide. Etant entendu qu’il s’agirait d’une commission ouverte avec des membres extérieurs à l’association devant animer l’opération, ce comité de pilotage comprendra obligatoirement les membres du bureau de l’association.
- Ils ont constitué une équipe autour de ce comité de pilotage, et ils ont proposé à l’association Eleutheros, dans les Yvelines où Peyo Noblia, ancien curé de la Celle St Cloud, avait conservé des relations, la possibilité d’accueillir une famille, puisqu’ils avaient plusieurs demandes en cours d’instruction.
- Ils ont lancé la souscription pour accueillir une famille. Il fallait anticiper et ne pas attendre, que la famille soit là, pour commencer à subvenir à leurs besoins. Car contrairement à d’autres paroisses fortes de maisons ou d’appartements, ils ont du compter sur eux-mêmes, et sur la bonne étoile…
En décembre 2015, ils se sont préparés à la venue d’une famille de 4 ou 5 personnes, ça ne s’improvise pas. Avant même de savoir combien et quand arriveraient ces réfugiés, la souscription était en marche. Ils ont suggéré des dons de 20€ par mois, pendant 18 mois, estimant (peut-être de façon un peu trop optimiste) que c’était la durée nécessaire pour rendre une famille autonome.
Et très rapidement, leur appel a permis d’obtenir un démarrage assez fort de dons.
Ils ont été sollicités pour accueillir, non pas une famille de 7 personnes, mais une famille de 10 personnes… et un bébé à naître…c’était au mois de juin 2016
Puis à partir des mois d’octobre, novembre et décembre on leur a précisé que la famille avait rendez-vous au consulat de France à Erbil, ville où ils étaient réfugiés (c’est au kurdistan Irakien)
Et de rendez-vous en rendez-vous, une première partie de la famille a réussi à obtenir leurs visas pour entrer en France et les autres ont rapidement suivi.
Le 10 janvier 2017, enfin, Jacques Arola et son équipe se sont rendus à Voisins Le Bretonneux (78) pour accueillir chez la Présidente et le Secrétaire d’Eleutheros, la première partie de la famille.C’est Rani et Lubna avec leurs deux enfants, Maryam et Johan .
Puis un mois plus tard, ils ont accueilli à Toulouse cette fois-ci les parents Hanna et Jandar de 66et 56 ans, une sœur du chef de famille, Najeeba de 65 ans et le jeune frère de 25 ans.
Et enfin, au mois de mai, la dernière fille de Hanna et Jandar, la Jeune Raneen est arrivée à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac avec son époux Shamoon, et leur bébé de 5 mois, Sharleen.
Dès le début l’association s’est affairé auprès de l’OFII à Bordeaux (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) puis de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides).
Plusieurs voyages à Bordeaux effectués par Didier Picot, avec les complications que vous imaginez… (se rendre à Bordeaux auprès d’une association en lien avec l’OFII pour prendre RDV avec l’OFII )… oui !
Pendant ces démarches, ils ont dû faire face au souhait de Shamoon et Raneen de retourner en Irak avec leur bébé. C’est leur choix. Le choix des autres membres de la famille est de rester.
Et là est le cœur du problème.
A l’heure actuelle, le couple des plus jeunes avec leurs deux enfants se sont installés dans un appartement qui nous a été attribué par l’Office 64 de l’Habitat, et un deuxième appartement est également prévu pour le couple des parents, la tante, et le jeune frère.
Les deux enfants sont scolarisés au groupe scolaire Immaculée Conception et St François Xavier à Urrugne.
Les parents, et la grand-mère, ainsi que la tante suivent assidument les cours de langue Française .
Depuis la rentrée scolaire, l’association Adixkideak, que l’association avait sollicité, a organisé, des cours de langue Française pour l’intégration.
Tout se déroule du mieux possible pour eux,
- Une équipe de bénévoles s’est constituée depuis le début,
- Nettoyage et mise en place dès leur arrivée dans l’appartement.
- Déplacements à l’OFII à Bordeaux 3 ou 4 fois…
- Déplacement à la banque alimentaire, à la croix rouge, on ne peut pas les compter
- Conversation avec eux au quotidien.
- Accompagnement chez les médecins et laboratoires
- Accompagnements multiples à la sous-préfecture de Bayonne
Et depuis le mois de novembre, des cours de Français supplémentaires demandés par l’OFII sont prodigués à Karam le jeune frère, car paradoxalement, le dernier arrivé a reçu avant tous les autres ses documents de réfugié. (vous vous souvenez, je vous parlais des soucis administratifs au début)
Depuis quelques jours enfin, toute la famille est en possession des documents leur permettant de prétendre à une carte de séjour..
Toutes les conditions sont maintenant réunies pour leur adaptation. L’association a choisi l’option de ne pas les envoyer travailler, considérant que ça serait mettre la charrue avant les bœufs, car pour une bonne intégration il leur faut avant tout, maîtriser au moins à l’oral correctement notre langue, tant à la compréhension qu’à l’expression. Et ils sont en bon chemin, dans quelques mois, au printemps prochain, tout au plus, ils seront autonomes. C’est déjà presque le cas. Ils seront autonomes et pourront travailler, et nous ne doutons pas de leur volonté de ne pas rester à la charge de la communauté.
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